rencontre...

"Nos atouts sont perpétuels, comme l'orage et comme le baiser, comme les fontaines et les blessures qu'on y lave."

"Le monde contemporain nous a déjà retiré le dialogue, la liberté et l'espérance, les jeux et le bonheur; il s'apprête à descendre au centre de notre vie pour éteindre le dernier foyer, celui de la Rencontre".

René Char


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Bonjour Domino

J'ai pour ma part la naïveté de penser que le monde (contemporain ou pas) ne nous retire que ce que nous voulons bien lui laisser. Non pas à travers un besoin de contrôle ou de toute puissance, mais bien dans les choix que l'on fait, et la responsabilité que l'on prend face à ces derniers.

Je préfère penser qu'en effet, nos atouts sont perpétuels, qu'il y a des défis à relever, des combats à gagner sur nous-mêmes...il n'y a rien de plus triste que de perdre l'espérance et de se soumettre à ce qui va à l'encontre de la vie.

Lorsque je croise une personne, un vieillard, un enfant, inconnus, dans la rue, et qu'un regard, un sourire s'échange, parfois aussi s'engage un dialogue, je ne peux pas te dire combien je suis touchée... il n'y a pas d'attente...juste ce qui est. C'est une Rencontre, même brève, qui remplit ma journée d'une joie légère et me permet d'espérer en ce qu'il y a de plus humain. N'est-ce pas à nous de maintenir le dialogue, d'être partie prenante dans la rencontre ?
Sans doute est-il vrai aussi qu'il est nécessaire de se rencontrer soi-même pour aller à la rencontre de l'autre.

Comme le suggère l'image que tu as choisie, nous portons des masques qu'il est difficile de tomber...Essayons quand même

Par principe j'aime bien René Char car il me rappelle un bel été...

En ce qui concerne les masques on parle trop peu de leur aspect positif ; le masque peut aussi protéger et libérer... En vieillissant je me dis qu'une société de l'authenticité permanente serait infernale, vive la politesse et la discrétion !

Je pense que le masque a un rôle à jouer tant qu'il ne nous éloigne pas
trop de nous-mêmes. Il conserve alors sa valeur de protection.
Nous ne pouvons pas être dans la sphère sociale, comme dans la sphère affective par exemple....sauf dans l'amalgame. En ce sens je te rejoints.

La fête de carnaval, à l'origine, avait pour mission de nous permettre d'exprimer des pans de notre personnalité, des désirs et des émotions jusque là contenues, c'était un bon exutoire tout était "presque" permis derrière nos masques, sans que l'on puisse en être "punis"

Porter un masque, signifie psychologiquement (ça n'engage que moi) ne pas oser affirmer ouvertement ce que nous pensons ou ressentons, c'est une défense respectable, néanmoins la peur qui la motive ne rend pas libre.
Pourquoi ne serait-il pas possible d'être polis et discrets sans port de masque ?

C'est juste que je me méfie, mais c'est lié à mon vécu, d'un certain romantisme qui revendique d'être toujours à fleur de peau, toujours dans la rencontre authentique et absolue, toujours disponible...

Je trouve que la rencontre c'est fatigant, et que certains jours on veut juste une certaine légèreté, de la détente, plutôt que l'autre ou soi-même "vomisse" ses tripes.

Ne pas tout exposer tout de suite c'est pour moi une forme de masque, salutaire, que j'apprends à porter

Ne pas se donner en pâture pour étancher son désespoir.

Bon, euh, chacun ses difficultés, hein ?

Je pense que tomber le masque demande une immense confiance en soit et la capacité d'encaisser les retours de batons, comment faire ??? Nous sommes tous si dure les uns envers les autres. :( Le paradis n'est pas à porté de main, il est comme l'horizon. Bon sang il y bien une solution!!! l

merci à vous 2, dire les choses telles qu'on les ressent
c'est déjà ne pas porter un masque (ou beaucoup moins). Au plus près de soi, sans tricher.
Sûr Marc, qu'il faut du courage...La confiance en soi s'apprivoise grâce à chaque petite victoire réalisée...elle ne vient pas seule

Peut-être est-ce justement cela Dame Naît, rester seul(e) quand le besoin se fait sentir, ne pas dire, ni se dire, rire, pleurer ou se taire, ne pas se mettre la "rate au court-bouillon". Eviter de faire semblant tout simplement.



J'ai tendance à garder un fond idéaliste

C'huis d'accord avec Dame sur le salutaire des masques : ils protègent
… Encore faut-il arriver à les porter !

De deux choses l'une : soit nous nous attachons à un masque autrement dit à une image que l'on donne de soi, soit nous apprenons à être le plus authentique possible. Un oui est un oui, un non signifie...non.
Entre les deux, il y a à tenir compte des circonstances (les peut-être ) pas toujours propices à l'expression de la "vérité", parce qu'en face, il est nécessaire que l'autre soit apte à l'entendre, et nous-même capable de l'assumer. Et là il y a aussi une dimension de respect, voire de compassion pour l'autre, pour soi. Tout n'est pas à dire.

C'est un choix que chacun fait en fonction du degré de confiance qu'il se porte, et éventuellement de la confiance qui règne dans l'entourage.

Sans aucun jugement de valeur : nous pouvons regarder le reflet de la lune dans la mare, ou bien nous retourner pour la voir briller dans le ciel. Chaque chose en son temps

Lorsque je me relis, il m'arrive de me dire que je parle comme un livre
ouvert
alors j'ai envie de vous dire que mon intention n'est pas de prétendre me l'appliquer à moi-même en permanence

En fait, j'ai passé un grand nombre d'années à présenter une image lisse
de moi-même, un masque auquel je m'étais identifiée au point d'en oublier mes propres besoins...et ça m'arrive encore. C'est la raison pour laquelle j'insiste sur cette notion de "masque".
Il m'a fallu quelques années de thérapie pour oser dire "non", pour m'accepter telle que je suis, et pas mal de souffrances...aussi entendez ce que je vous dis comme le fruit de mon expérience qui vaut ce qu'elle vaut. Expérience que je souhaite partager avec vous, peut-être sera t'elle utile à quelqu'un, mais en aucun cas enseigner quoi que ce soit.

Ben je te comprends mieux quand tu parles pas comme un livre Marie-Do

Ceci dit je crois que l'authenticité peut être une posture aussi. C'est que la rencontre et le masque pour moi ne sont pas l'opposé l'un de l'autre. Comme tu dis, je crois, on peut avoir une rencontre avec une charmante vieille dame qui ne raconte rien de sa vie et brode sur le temps qu'il fait en servant le thé, et être piétiné par une personne qui s'exclame authentiquement sur ses états d'âme.

Mi

Dame Naît

Un désir d'authenticité à tout prix, peut aussi être de l'ordre de la patho. Une absence de limites dans l'expression de nous-mêmes et un fond exhibitionniste deviendrait vite envahissant...Nous sommes d'accord.

J'ouvre un post ailleurs pour ne pas "empiéter" sur le texte de René CHAR

Douce journée