Nicolas Sarkozy et le pouvoir.
Un jour, parce qu’il était peut-être plus rusé et entreprenant que les autres, et parce qu’il bénéficiait peut-être aussi du soutien invisible de quelques influences occultes, un homme à l’esprit gris parvint à conquérir la fonction de roi dans un royaume qui se disait civilisé. Cet homme s’appelait Karsozy, et être roi était le grand rêve de sa vie. Sa détermination et sa ruse firent la démonstration, une fois de plus, que ce qu’un homme voulait avec force, il pouvait l’obtenir à condition qu’il fût suffisamment malin et persévérant. Peut-être aussi que la victoire de Karsozy était due en partie à l’action subtile de ces mystérieuses forces occultes que tous les « vrais » hommes de pouvoir nient en public mais s’efforcent de développer en privé…
Karsozy n’avait pas seulement l’esprit gris, il avait aussi l’esprit un peu ivre, et il soufflait dans sa tête comme un léger vent de folie. Mais pas n’importe quelle folie. C’était une folie rusée, faite d’un agrégat de pulsions émotionnelles grises recouvert du manteau d’un mental relativement fort. Comme pour tous les autres hommes rusés qui étaient animés par la même folie, le mental de Karsozy était au service de la satisfaction d’un certain nombre de pulsions émotionnelles qui tenaient un peu plus de l’ego que de l’amour. Et si Karsozy avait réussi à conquérir le pouvoir, c’était aussi parce que la plus grande partie du peuple, avec un mental pas souvent aussi fort, souffrait d’une folie identique, de manière plus ou moins prononcée.
Une fois au pouvoir, Karsozy se frotta les mains et se dit qu’il allait s’atteler immédiatement aux changements qu’il désirait. Il promulgua une première loi, et cette loi interdisait à la pluie de tomber durant la journée, car elle gênait à ce moment-là les honnêtes travailleurs qui s’efforçaient de gagner leur vie. Dorénavant, la pluie ne serait autorisée à tomber que la nuit, afin de ne pas déranger les honnêtes gens. Mais quelques jours après l’entrée en vigueur de cette loi, la pluie fit un acte de désobéissance et tomba durant la journée.
Le roi, très mécontent, convoqua ses ministres et leur demanda pourquoi la pluie n’obéissait pas, alors que la loi était formelle et ne laissait la place à aucune interprétation fallacieuse. Le moins lèche-botte de ses ministres répondit :
- Mon roi, les lois humaines n’ont aucun pouvoir sur la pluie…
Après des heures et des heures d’argumentation, le roi Karsozy fut convaincu que son ministre avait raison.
Quelques temps plus tard, le roi promulgua une seconde loi, et cette loi obligeait les nuages à s’abstenir de circuler dans le ciel les dimanches après-midi, car c’était à ce moment-là que le roi faisait sa promenade hebdomadaire dans le vaste jardin de son palais. Mais les nuages se montrèrent aussi désobéissants que la pluie.
La colère du roi fut immense, et une nouvelle fois il rassembla ses ministres afin d’exiger une explication. Le même ministre répondit :
- Mon roi, les lois humaines n’ont aucun pouvoir sur les nuages, non plus…
Il fallut toute une journée de discussions pour convaincre le roi.
Une troisième loi interdisant au vent de souffler dans les arbres durant les week-ends, rencontra le même échec que les deux lois précédentes. Une quatrième loi obligeant la neige à tomber seulement pendant les vacances de février, vint s’ajouter aux précédents échecs. Le roi tenta de promulguer une cinquième loi, qui interdisait au soleil de se coucher avant 22h les dimanches, mais elle fut aussi un échec…
Le roi fit une grave crise, car son autorité lui paraissait nulle. Il avait déployé une somme colossale de travail et avait consenti des efforts quasiment surhumains pour conquérir le pouvoir. Il avait passé des accords secrets avec de puissants et discrets hommes d’affaires ; il avait invoqué des entités occultes aux moyens de mystérieux grimoires de magie obtenus au marché des ombres, et il avait fait des promesses de sang pour obtenir leur aide, et il suffisait de quelques émeutes sanglantes pour que ces promesses soient tenues ; il avait travaillé autant que possible ses capacités mentales… Et à présent qu’il avait le pouvoir, il se rendait compte que ce pouvoir n’avait aucune substance.
Mais son ministre le moins lèche-botte vint le consoler et lui dit :
- Mon roi, vous êtes le maître des lois humaines, et ces lois s’appliquent aux hommes et non aux choses de la nature. Au lieu d’essayer de régir les choses de la nature, qui reposent sur de puissantes énergies qui échappent aux lois humaines, sachez plutôt que vous pouvez régir à votre guise l’existence des hommes.
Le roi ne se le fit pas dire deux fois. Il se mit à réfléchir à une seconde série de lois. Dans cette nouvelle série, il promulgua une première loi qui obligeait les gens à travailler six jours par semaine, et sans prendre de vacances. Il promulgua ensuite une seconde loi qui interdisait aux gens de ressortir sans rien acheter lorsqu’ils entraient dans un magasin ou dans une boutique. Il promulgua une troisième loi qui obligeait les gens à travailler jusqu’à 70 ans. Les gens n’étaient pas très heureux de se contraindre à toutes ces lois, mais ils avaient bien trop peur des mesures de rétorsion.
Le roi fut content de voir enfin ses lois s’appliquer. Contrairement à la pluie, aux nuages, etc… les gens obéissaient aux lois et modelaient leurs comportements en fonction de ce qui était interdit ou commandé. Enivré par le pouvoir, dont il voyait enfin la manifestation, le roi concocta une troisième série de lois. Cette nouvelle série interdisait diverses choses : il était interdit de sourire, il était interdit de chanter, il était interdit de faire de l’humour, il était interdit d’avoir des amis, il était interdit de faire des dons aux organisations humanitaires, il était interdit de faire du bénévolat dans des œuvres de charité, il était interdit de donner un coup de main à un voisin…
Autant la seconde série de lois avait rencontré l’obéissance des gens, autant la troisième série de lois ne rencontrait que désobéissance. Malgré de fortes amendes et de sévères peines de prison, malgré la saisie des biens et l’administration de coups de fouet, les gens continuaient à désobéir aux nouvelles lois. Le roi piqua une colère monumentale, et il convoqua un conseil de ministres afin de trouver une solution qui obligerait les gens à respecter les nouvelles lois. Mais son ministre le moins lèche-botte lui dit :
- Mon roi, les lois de la seconde série s’adressent à la partie mortelle des gens, et c’est pourquoi on peut contraindre les gens à y obéir à travers toute sorte de menaces et de mesures de rétorsion. Mais les lois de la troisième série essaient de détruire l’amour dans le cœur des gens. Même si cet amour n’est pas très développé chez la plupart des gens, il est tout de même impossible de le détruire, car il repose sur une énergie spirituelle qui échappe aux lois humaines.
Pas plus que le Karsozy de l’histoire ci-dessus, Nicolas Sarkozy « président » n’a assurément pas le pouvoir de détruire ou de saccager ce qui est le plus important en chacun d’entre nous, à savoir notre capacité à ressentir de l’amour, à cultiver l’amour et à manifester l’amour dans notre relation au monde. Peut-être direz-vous qu’il n’y a pas que l’amour dans la vie, et qu’un président et un gouvernement animés par des énergies peu positives, peuvent dégrader davantage les conditions de vie : acculer les pauvres vers plus de pauvreté encore en restreignant davantage les aides sociales, transformer un peu plus le travail en une forme à peine déguisée d’esclavage en promouvant des types de contrats iniques, donner aux patrons égoïstes encore plus de pouvoir sur leurs employés et leurs entreprises, limiter les libertés individuelles en mettant en avant des raisons sécuritaires, etc…
Peut-être… Mais les dirigeants politiques n’ont en réalité aucun pouvoir véritable. Ils ont seulement le pouvoir d’organiser de telle ou telle manière les énergies produites par la masse des hommes. C’est peut-être cela que beaucoup ont du mal à comprendre, recherchant dans les dirigeants politiques, soit des sauveurs, soit des coupables : des gens qui sont responsables des mauvaises conditions de vie dans la société, ou des gens qui ont le pouvoir d’améliorer ou d’empirer vraiment les choses… A courte vue, c’est en apparence le cas. Mais qu’en est-il quand on y regarde de plus près, avec les yeux du cœur ?
Il se leva un jour, dans un royaume dévasté par toute sorte de maux, un leader politique exceptionnel dont le cœur débordait d’amour, et qui avait l’ardente volonté de transformer le royaume et d’en faire une société où les gens seraient heureux. Par quelque magie du destin, ce leader parvint au pouvoir et devint roi. Durant les premières années de son règne, il promulgua une série de lois belles qui exprimaient un profond élan d’amour. Mais il se passa quelque chose d’étrange. Grâce aux nouvelles lois, les gens avaient suffisamment d’argent pour vivre dans l’aisance, suffisamment de temps libre pour vivre vraiment leur vie, et des conditions de travail suffisamment agréables pour que le travail soit un vrai plaisir… Malgré ces excellentes conditions de vie, les conflits augmentèrent, les tensions se renforcèrent, les malaises s’accrurent, les actes de malfaisance se multiplièrent…
Le roi ne comprenait pas trop ce qui se passait. Plus il améliorait les conditions de vie des gens, et plus les gens créaient de nouveaux problèmes et de nouvelles formes de souffrance… La situation était tellement irrationnelle que le roi réunit les plus grands sorciers du royaume afin d’essayer de trouver une solution qui semblait ne pas appartenir à la sphère du rationnel. Le plus grand de tous les sorciers déclara :
- Sir, votre peuple est sous l’influence d’un démon qui réside au sommet de la montagne nord qui fait face à votre royaume. Si vraiment vous voulez transformer votre royaume et en faire une société heureuse, vous devez absolument chasser ce démon, car tant qu’il exercera son influence, aucun bonheur ne sera possible dans votre royaume.
Le roi se mit aussitôt en chemin, et il ne lui fallut que quelques heures pour atteindre le sommet de la montagne. Avec l’aide des sorciers, il parvint à chasser aisément le démon. Mais la situation du royaume ne changea pas d’un iota. Le problème demeura absolument le même. Le roi réunit une nouvelle fois les sorciers, mais ceux-ci confessèrent leur ignorance. Le démon ayant été chassé, ils ne voyaient plus aucune raison pour que les choses continuent à aller mal malgré les bonnes lois et les bonnes mesures promulguées par le roi.
En désespoir de cause, les sorciers dirent au roi qu’il existait peut-être un homme qui avait la réponse à cette étrange énigme. C’était un vieil ermite qui vivait au sommet de la montagne sud. Le roi alla le trouver aussitôt, et lorsqu’il lui exposa le problème irrationnel auquel son royaume était confronté, l’ermite répondit :
- Votre peuple a un esprit gris, qui produit l’égoïsme, l’intolérance, la peur, la méfiance, le racisme, et diverses autres énergies émotionnelles qui conduisent à des problèmes de toutes sortes. Vous pourriez donner aux gens les lois et les règles les plus parfaites qui soient, s’ils ont un esprit gris, ils généreront toujours une société avec beaucoup de problèmes. Le démon se nourrissait seulement des énergies négatives qui émanaient de l’esprit de votre peuple, il n’était nullement l’origine de ces énergies.
- Que me conseillez-vous pour résoudre réellement les problèmes de mon peuple ? demanda le roi.
- Adressez-vous à votre peuple, et dites aux gens de cultiver l’énergie de l’amour dans leur cœur, et dites-leur de faire de ce travail intérieur la chose la plus importante dans leurs vies.
- Je ne vois pas comment cela peut permettre de résoudre les problèmes sociaux…
- C’est pourtant évident, répondit l’ermite. L’amour purifie l’esprit. Celui dont l’amour est solide et fort, recherchera la paix avec son prochain, donnera sa seconde chemise à celui qui est nu, secourra celui qui est tombé, soignera celui qui est malade, embrassera celui qui pleure, donnera un coup de main afin d’aider son prochain à réaliser son rêve, fera de la place à celui qui couche dehors, offrira à son entourage une infinité d’occasions de sourire… L’amour est la véritable source du don, du partage, de la solidarité, de l’hospitalité, de la générosité… il est la seule énergie capable de bâtir une société heureuse.
Si les dirigeants politiques ont un pouvoir, c’est surtout le pouvoir d’incarner dans des lois et des règles, les énergies qui émanent en réalité de l’esprit et du cœur collectifs. Les chemins qui relient les énergies collectives et les lois du gouvernement sont souvent complexes, mais il n’y a pas besoin de décortiquer cette complexité pour saisir le lien entre les énergies et les lois. Si les énergies ne sont pas porteuses de beaucoup d’amour, alors les lois et les règles élaborées par les dirigeants ne manifesteront pas beaucoup d’amour. Si la majorité des gens était animée par un amour fort et profond, alors les dirigeants politiques n’auraient pas d’autre choix que de canaliser ces énergies à travers des lois et des règles adéquates. Le véritable pouvoir qui s’exerce dans la société, c’est la somme des énergies qui émanent des esprits et des cœurs. Comme tous les dirigeants avant lui, et comme tous les autres après lui, Nicolas Sarkozy ne peut rien faire de plus que de canaliser les énergies de l’ensemble et leur donner, sur le moment, l’expression qui correspond à leur tendance la plus forte. La société sera heureuse lorsque la majorité des gens auront porté l’amour en eux au-delà du royaume des ombres.
Kessani et Chris Iwen.
Source : http://iwen.free.fr/