«L’homosexualité n’est assurément pas un avantage, mais elle n’est pas non plus quelque chose dont on doive avoir honte, elle n’est pas un vice, ni une dégradation ; on ne peut pas la ranger dans les maladies; nous la considérons comme une variation de la fonction sexuelle produite par un arrêt dans le développement normal ». Et Freud poursuit : « De nombreux hommes hautement respectables des temps anciens et modernes ont été homosexuels, et certains parmi eux comptent parmi les plus éminents (Platon, Miche-Ange, Leonard de Vinci, etc.). C’est une grande injustice et une grande cruauté de persécuter l’homosexualité comme si elle était un crime. Si vous ne me croyez pas, lisez les livres d’Havelock Ellis. En me demandant si je peux vous aider, vous voulez savoir, je suppose, si je peux supprimer l’homosexualité afin que l’hétérosexualité normale puisse prendre sa place. La réponse, est, d’une manière générale, que nous ne pouvons pas promettre d’y réussir. Dans un certain nombre de cas nous réussissons à développer les germes de tendances hétérosexuelles qui sont présentes en tout homosexuel, mais dans la majorité des cas, ce n’est pas possible. Cela dépend de la qualité et de l’âge de l’individu. Il est impossible de prédire le résultat du traitement. Ce que l’analyse peut faire pour votre fils est tout à fait différent. S’il est malheureux, névrotique, déchiré par des conflits, inhibé dans sa vie sociale, l’analyse peut lui apporter une certaine harmonie, une paix de l’esprit, qu’il reste homosexuel ou s’en trouve changé. »
Il semble donc bien que pour Freud, il n’y ait rien à « traiter » dans l’homosexualité, sauf quand l’individu homosexuel souffre de névrose, et c’est donc plutôt la difficulté d’être homosexuel qui fait problème et non l’homosexualité elle-même.
Didier Eribon.
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